Origine et histoire de l'Église Notre-Dame de la Dalbade
L'église Notre-Dame de la Dalbade est un édifice catholique situé rue de la Dalbade, dans le quartier des Carmes à Toulouse. Son nom provient de l'ancienne église recouverte d'un enduit blanc, Santa Maria dealbata, dite « Sainte-Marie la blanche ». Typique de l'architecture gothique méridionale, l'édifice actuel est construit en brique et présente une silhouette assez austère. La première église, installée sur un oratoire, occupa le site du VIe siècle à la fin du XVe siècle et fut ravagée, avec le quartier, par un incendie le 27 octobre 1442 ; le nom de Dalbade y fut néanmoins conservé. La construction de l'édifice actuel remonte à la fin du XVe siècle, vers 1480. Le clocher, attribué à Nicolas Bachelier, fut édifié en 1551 ; une trentaine de bustes en bossage sculptés par Bachelier et ses élèves sont exposés au musée des Augustins. Sa flèche, symbole du pouvoir ecclésiastique, fut démontée en 1795 puis reconstruite en 1881 selon une plaque mémorielle, avant de s'effondrer brutalement le 12 avril 1926, occasionnant morts, blessés et d'importants dégâts aux habitations voisines.
La nef est couverte d'une voûte à liernes et tiercerons ; des chapelles sont aménagées de part et d'autre de la nef, logées entre les contreforts, celles du côté sud étant surmontées d'une galerie, et cinq chapelles s'ouvrent sur le chœur polygonal. L'extérieur, aux airs de forteresse médiévale, se caractérise par des murs épais, des percements étroits et une tour nord crénelée. La façade présente un tympan en céramique, œuvre de Gaston Virebent, qui reproduit Le Couronnement de la Vierge de Fra Angelico, et un portail de style Renaissance daté du XVIe siècle. Sur le linteau sous le tympan est gravé le distique : « Chrestien si mon amour est en ton cœur gravé, Ne diffère en passant de me dire un ave ». Le portail accueille plusieurs statues — la Vierge à l'Enfant au centre, sainte Catherine et sainte Barbe, ainsi que des figures de saint Germier, saint Jean-Baptiste, saint Rémi et saint Sébastien — dont les originales sont conservées dans la chapelle de Saint-Germier ; les sculptures sont attribuées à Adolphe Azibert et Charles Ponsin-Andahary.
L'intérieur, restauré après l'effondrement du clocher en 1926, abrite de nombreuses œuvres et une importante statuaire mariale. À gauche, la chapelle d'accueil conserve une Vierge à l'Enfant en bois utilisée pour la crèche ; la chapelle dédiée à la tradition du Carmel réunit des statues de sainte Thérèse de Lisieux et de sainte Jeanne d'Arc ainsi qu'un tableau du XVIIIe siècle représentant sainte Thérèse d'Avila classé. La chapelle de saint Jean-Baptiste conserve un monument aux Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem et une Visitation du XVIIIe siècle par Despax, tandis que la chapelle de sainte Barbe présente un tableau du XVIIIe siècle et des statues de saint Jean l'évangéliste et de sainte Germaine de Pibrac. Avant le chœur, la chapelle de Saint-Pierre abrite une ronde-bosse en bois du XVIe siècle représentant saint Pierre marchant sur les eaux ; cette statue, vénérée par la confrérie des pêcheurs et bateliers de Tounis et initialement placée dans la chapelle des fonts baptismaux, fut endommagée lors de la chute du clocher.
Les grands vitraux du chœur illustrent des épisodes de la vie de Marie : la Présentation au temple, l'Annonciation, la Nativité et l'Assomption. À droite, deux chapelles sont consacrées à Marie, dont celle de Notre-Dame de la Dalbade qui conserve une statue de la Vierge à l'Enfant ; la chapelle de saint Germier réunit des statues originellement placées sur la façade, aujourd'hui remplacées par des copies. La chapelle Notre-Dame du Mont-Carmel contient un bas-relief d'Henry Maurette de 1891 représentant la remise du scapulaire à saint Simon Stock en 1251. La chapelle du Christ de souffrance renferme des bustes-reliquaires de saint Saturnin et de saint Germier ainsi qu'un Ecce Homo en pierre du XVIe siècle. Le baptistère présente une scène de la crucifixion entourée de la Vierge et de saint Jean, avec au pied une Pietà en bois du XVIe siècle ; le crucifix central, connu comme le « Christ miraculeux du Salin », provient de l'oratoire du Salin au XVe siècle, fut transféré à la Dalbade au XVIe siècle et caché pendant la Révolution. Une peinture anonyme de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle représentant la Présentation de Marie au temple est inscrite au titre des monuments historiques.
L'orgue de tribune, construit à l'origine par Prosper-Antoine Moitessier en 1849 avec 46 jeux sur trois claviers et un pédalier, fut enrichi par Eugène et Jean-Baptiste Puget en 1888 à cinquante jeux, modifié par Maurice Puget en 1927 puis restauré en 2009 par Gérard Bancells et Denis Lacorre ; l'instrument et sa tribune, dont les boiseries suivent des dessins de Jean Noël-Joseph Bonnal, sont classés au titre des monuments historiques. Plusieurs éléments de l'église, en particulier des sculptures et œuvres, sont aujourd'hui présentés au musée des Augustins ou conservés in situ.